Pour cette nouvelle édition de la boite à photo, édition anniversaire puisque nous fêtons nos 1 an, nous avons souhaité traiter de l’expérience en photographie. Tandis que mes petits amis reviennent sur leurs premières expériences, ou parlent de ce qui fait qu’une expérience peut rendre une photographie magique, j’ai décidé de vous proposer une petite réflexion sur les traits qui définissent LE photographe expérimenté. Qu’il soit jeune, beau, gros, chauve, avec du matériel coûtant plus que votre voiture ou ayant une carte de presse autour du cou, quels sont les critères qui permettent d’attribuer du crédit à un photographe ?
Expérience : nom féminin (latin experientia, de experiti, faire l’essai)
Pratique de quelque chose, de quelqu’un, épreuve de quelque chose, dont découlent un savoir, une connaissance, une habitude ; connaissance tirée de cette pratique. (Larousse.fr)
LA QUANTITE N’EST PAS LA QUALITE
« J’ai 25000 photos à mon actif » pourrait vous dire la personne en face de vous, mais pour autant vous ne voudriez même pas qu’il fasse un portrait de vous digne des photos de tata Ginette. On peut bien évidemment dire que ce photographe a multiplié les expériences photographiques, sinon il n’aurait pas ce stock « incroyable » d’images en portefeuille, cependant si toutes ses photos sont prises en rafale, il peut facilement gonfler ses statistiques, sans pour autant avoir une réelle expérience dans le domaine. Et comme l’a si bien dit Henri Cartier-Bresson « vos 10 000 premières photos sont vos pires ». J’apprécie énormément les photographes qui savent faire le tri dans leurs photos, et qui sont capables de nous présenter uniquement la crème de leurs photos. Partir à l’aventure et ne revenir qu’avec une photo, mais une bonne, celle qui vous prend par les tripes. Je crois que finalement le photographe expérimenté est celui qui sait présenter ses photos.
TU ME VOIS LA ? NON ? ET LA TU ME VOIS ?
Peut on dire qu’un photographe est expérimenté lorsqu’il est présent, visible ? A l’époque reculée du Minitel, on trouvais de nombreuses boutiques de photographes dans nos rues. Celui qui avait pignon sur rue devait certainement être un photographe expérimenté et de qualité. Bien entendu cela n’était pas toujours vrai car celui qui a de l’argent peut ouvrir une boutique malgré ses piètres qualités de photographe. On retrouve ce même schéma à l’heure d’internet. Avec les réseaux sociaux, les sites Internet, les forums, etc … On retrouve des photographes présents sur tous les fronts, inscrits sur 36 forums, mais dont on ne voit pas le travail ou alors quelques photos qualitativement douteuses. J’ai rencontré des photographes dont on entend très peu parler, mais qui pourtant ont ce « truc » qui fait d’eux de vrais photographes. Qu’ils en aient conscience ou non, ils ont au moins la qualité de ne pas le crier sur les toits.
J’EN PRENDRAI POUR UN DOLLAR
Vous vous rappelez lorsque je vous parlais des photographes au salon de la photo qui se baladent avec leur boitier full frame, et leur objectif 300mm à l’épaule, qui ne prennent pas une seule photo de la journée, mais qui ont fièrement exhibé leur matériel, tel des rappeurs west coast bling bling ? L’argent comme dans tous les domaines apporte son lot de marionnettes. Le matériel ne fait pas tout, ce n’est qu’une parure pouvant donner l’illusion qu’un photographe est expérimenté. A chaque fois que j’ai envie de nouveau matériel, je pense à mon ami Steve Collin, jeune photographe belge, et notamment aux photos qu’il faisait il y a quelques années avec son petit canon 450D et son objectif de base. Ces photos à l’heure actuelle sont plus intéressantes que des photos vu récemment sur internet faites avec un 5D Mk II, et cela montre bien que la photographie n’est pas une question de matériel, mais de regard et d’expérience.
LE SAINT GRAAL AUTOUR DU COU
Pour moi, un photographe expérimenté était, à mes débuts, celui qui avait le saint graal autour du cou, à savoir une carte de presse, une accréditation, ou tout autre passe droit sur lequel on peut lire « PHOTOGRAPHE ». Ceci était vrai jusqu’au jour où j’ai utilisé ma carte de la FPF (Fédération Photographique de France) pour passer lors d’un événement, dans la zone réservée aux journalistes et me retrouver à côté du reporter photographe de la PQR locale, qui avait moins de matériel que moi (nb: j’ai payé mon entrée comme tout le monde par contre, faudrait pas abuser non plus). J’étais là avec ma petite carte sans valeur, sans réelle expérience du reportage, et à cet instant je me suis dit que ces petites cartes convoitées par tant de photographes, n’étaient aucunement le reflet de la qualité d’un photographe.
PHOTOGRAPHE DEPUIS 1978
Reste le critère d’âge, ou du moins d’ancienneté. Je dois dire qu’un vieux photographe grisonnant, son rolleiflex autour du cou tel un vieux baroudeur, a toujours été pour moi l’image parfaite du photographe, celui de qui on peut obtenir toute la connaissance des années passées à déclencher. Hors j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs « anciens » qui, grâce à l’ère du numérique, se sont découvert un nouveau hobby pour occuper leurs retraites fraîchement gagnées. Voila encore un stéréotype qui me joue des tours : Non un photographe âgé n’est pas forcément un expert …
TO BE OR NOT TO BE
Comment donc définir un photographe expérimenté ? Ma faible expérience dans le domaine ne me permet pas de vous donner une définition exacte de cet individu. Pour autant, il me semble que l’expérience en photographie est un savant dosage de toutes ces remarques, tel une recette de gâteau au chocolat : Beaucoup de pratique, un regard, un peu d’humilité et, ce qui me semble primordial, l’envie de partager ses connaissances et son expérience avec les autres. Et dans votre tête, à qui ou à quoi ressemble un photographe expérimenté ?
En attendant vos commentaires, je vous invite à consulter le blog de sfphoto.fr hôte de cette nouvelle édition de la boîte à photos, et vous suivez également l’actu de tous les blogs participants sur le Twitter
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Un jour on m’a dit : « la vrai photo c’est celle qui te décide de déclencher ».
Peut être est-ce ça la définition du photographe expérimenté; être capable de repérer le bon cadrage, la bonne scène, le bon moment dans l’intention et l’intensité du message que l’on veut partager, l’idée que l’on veut défendre.
Dans le fond, ce n’est pas nous qui choisissons la photo, c’est elle qui nous choisit.
Un bon sujet sans fin. Sachant que l’appréciation d’une photo reste très subjective, comment pouvoir dire que l’on ai un photographe expérimenté ou pas ? Et effectivement, l’ai-t-on un jour ?
J’ai eu l’occasion de travailler dernièrement avec un photographe de 30 ans mon ainé et dont je tairais le nom ici. Comme toi, jusque là le photographe grisonnant, avec des décennies d’expérience, représentait pour moi l’exemple à suivre. Mais après cette expérience je n’en suis plus certain. Il ne savait pas faire de portrait en studio, c’est pourquoi il est venu me chercher, mais ensuite il a massacré mes photos. Il n’y connait absolument rien en numérique au point de ne pas savoir ce qu’est un histogramme, et du coup à la fin, les PDG d’une société internationale avait les cheveux bleus et tout était cramé et bouché sur les photos.
Alors expérimenté oui, mais dépassé c’est certain. Avoir « L’oeil » c’est une chose, mais vivre avec son temps en est une autre. Pour moi un photographe expérimenté doit savoir évoluer et ne pas se satisfaire de ses acquis en se remettant en question sans cesse.
Le photographes avant étaient beaucoup plus rare et certains ont put aussi exister grâce à ça, mais aujourd’hui même s’il est plus facile de se faire connaître, ne faut-il pas être encore meilleur qu’avant du fait que la photo est à la porté de tous ? Je rejoins Pyrros sur le fait que les années ne font pas tout …
Il est vrai que le passage de l’argentique au numérique à créé un fossé entre les anciens qui maitrisaient la chambre noire, et les nouveaux photographes qui tendent à maitriser l’outil informatique. Doit-on alors parler de plusieurs expériences selon le domaine de compétence ? Ainsi un photographe expérimenté dans la nature morte peut-il être une chèvre en portrait ? C’est une nouvelle piste à étudier, et comme tu le dis si bien, c’est un sujet sans fin, mais qui au moins fait réfléchir chacun sur son niveau d’expérience.
J’ai acheté mon premier reflex en 1981, un canon AE1. Priorité vitesse ou manuel, pas de compensation d’exposition et pas d’anti-vibration. J’ai fait des centaines de photos avec et je ne parle même pas des heures en labo. Il y a 3 ans j’ai déménagé et le carton marqué photo s’est comme par magie envolé. Le matériel mais surtout tous mes négatifs…
Il y a un an 1/2 j’ai passé le cap du numérique, je me suis retrouvé comme Hibernatus, j’ai dû tout ré-apprendre… J’ai pris çà comme un défi et au lieu d’être un frein çà m’a redonné un flux nouveau et mon envie photo s’en est trouvé décuplée.
Mais est-ce que vous diriez, vous qui feriez du rock sur une guitare électrique que le guitariste jouant merveilleusement du jazz sur une demi caisse ou de l’autre guitariste qui joue de manière sublime du classique sur une guitare aux cordes nylon, ou bien encore que ce guitariste jouant du folk avec maestria sur cette guitare à manche concave sont tous de mauvais guitaristes car ils ne savent pas jouer du rock sur une guitare électrique ? J’espère que non.
Un spécialiste en photo macro sera peut-être nul en portrait en studio et pourtant il gagnera sa vie de ses photos car elle sont preuves d’un regard de photographe. La technique s’apprend rapidement, par contre le regard, on l’a de manière innée ou il se forme avec le temps.
Je ne suis encore qu’un amateur avec le but de passer professionnel, mes photos sont loin d’être parfaites mais pour moi chacune d’elles est une aventure, quelques fois un défi mais toujours une histoire à raconter. Depuis quelques temps j’ai des demandes de portraits et on vient me dire qu’on aime mes photos, et dans ces moments, bien que je connaisse l’imperfection de mon travail, je peux dire que je me sens photographe. Pour ces personnes je suis photographe et leur regard devant mon travail est bien plus gratifiant que ce que j’aurais pu recevoir en paiement comme professionnel.
Sinon avez-vous déjà vu un sculpteur de lumière à l’oeuvre, un tireur qui fait de votre prise de vue argentique un véritable chef-d’oeuvre ? Avez-vous déjà vu ses mains danser à travers la lumière ? Diriez-vous que cette personne n’a pas d’expérience car il ne sait pas se servir de Lightroom ou de Photoshop ?
Très bon article! Je suis particulièrement d’accord avec ta conclusion. Est-on seulement un jour expérimenté? Ou est-on perpétuellement en phase d’apprentissage, chaque jour un peu plus expérimenté… mais sans jamais atteindre la perfection?
Oui tu as raison Marc, même les plus expérimentés continuent à apprendre, c’est ce qui fait leur force !
Quel beau résumé sur la question ! Je pense qu’on peut difficilement dire mieux. C’est limpide, on ne prend pas position, on ne donne pas de réponse mais on en comprend bien le sens.
Merci Kuro’ pour ton commentaire 🙂
Peut-on dire qu’un photographe peut être considéré comme expérimenté lorsqu’il a trouvé son style – reconnaissable entre tous ?
C’est l’idée qui m’a traversé l’esprit à la lecture de cet article.
Bonjour Pascal, ta remarque est pertinente ! Ces derniers temps j’ai découvert le travail de « Le turk » photographe français dont le travail est reconnaissable entre deux. Il représente parfaitement tes propos : Il est jeune, ne fait pas énormément parler de lui et pourtant son travail reflète une réelle expérience photographique. A mon avis tu as trouvé la meilleure des réponses à cet article 😉
Entre appuyer sur un bouton et partager ses connaissances il y a un monde … Certains photographes très expérimentés ont énormément de mal à transmettre leurs savoirs tandis que d’autres n’ont jamais rien fait qu’ils ouvrent deja un stage photographique.
Non pour moi le photographe expérimenté c’est celui qui à LE REGARD, qui sent et anticipe sur les actions de son sujet pour avoir et le bon moment et la bonne lumière pour faire la photo qui déchire.
Je suis d’accord avec toi sur le regard, mais à ton avis le regard s’obtient-il par l’expérience, ou certains ont-ils un don ?
J’adhère a tout, sauf peut être la partie sur la visibilité. Enfin je suis d’accord sur le fait que ce n’est pas celui que l’on voit le plus qui est le plus doué, mais il faut un minimum se faire connaître pour transmettre la passion ! Et c’est ça aussi être un photographe experiment, transmettre son savoir 😉
Merci pour ce super article !
Le tout est de savoir faire ça intelligemment, et avec humilité, merci pour le com’
Un photographe expérimenté, c’est peut-être, entre autres, une personne qui réfléchit avant de déclencher. Mais il est si rapide qu’on ne s’en aperçoit pas !
J’ai un ami comme ça, il est énnervant 🙂 Il tourne autour de son sujet pendant 5min, il regarde un peu partout, même en l’air, puis il déclenche, et bim 1 seule photo, mais c’est la bonne … Enervant !
hihi quand j’ai commencer à prendre des photos (j’étais bien jeune …) mon père s’amusait à me dire « la différence entre un vrai photographe et un touriste c’est que le touriste a encore l’oeil dans le viseur alors que le photographe a déjà pris la photo ». Mon père n’était pas photographe mais j’ai beaucoup appris à ses côtés ^^
Ce que tu dis là est plus que vrai ! Le pro a déjà pris la photo mais en plus, il l’a murement réfléchie avant ! C’est Flash Gordon ^^
Oups désolé, je viens de corriger, et merci pour ton petit com’
T’inquiète y a pas de soucis 🙂
Et ben content de t’avoir marqué comme cela. Je ne peux que te rejoindre sur ce coup là et ce sur l’ensemble des points.
Ps : c’est Collin sans S 😀