Petite pose photo pour vous présenter Michel, A.K.A Critidos, jeune photographe passionné, avec qui j’ai partagé ce week-end (ainsi que de bonnes bouteilles) chez Yves. Cela fait un bon moment que je discute avec lui sur twitter, et ce week-end a été l’occasion de faire plus ample connaissance.
– Peux-tu te présenter ?
Critidos est le pseudo que j’ai choisi sur twitter mais son choix un peu long à raconter et j’ai tendance à facilement rentrer dans les détails (mes réponses aux questions suivantes seront peut-être dans le style Zola). Je vais tenter d’épargner ça aux lecteurs pour qu’ils passent au moins à la deuxième question 🙂
Sinon, mon vrai prénom est Michel, je suis étudiant en alternance, en informatique et systèmes d’information, d’un naturel assez discret (je crois), limite transparent, mais aussi très curieux, sentimental et rêveur. J’aime écrire de longue phrase qui se terminent par des points de suspension…
Hors photo ou informatique, je m’intéresse aussi à la cuisine/ gastronomie mais je collectionne encore plus d’échecs à ce niveau qu’en photo…
(je suis hyper original hein, je m’intéresse à tous les thèmes à la mode… manquerait plus que je me proclame community manager !!)
– Comment est venue ta passion de la photo ?
Je ne suis pas sûr de pouvoir en parler comme une passion, mais plus comme d’un centre d’intérêt prédominant. J’ai tendance à me lasser assez vite dans de nombreux domaines mais avec la photo, je me sens retenu pour une durée beaucoup plus longue. Je rêve autant d’avoir un grand et beau réseau de train miniature que de présenter des photos sans défauts (certains rêves sont plus accessibles que d’autres !). Mon grand père faisait de la photo. J’ai été subjugué par un portrait qu’il avait pris et qui est accroché dans le salon de ma grand mère. Premier déclic.
Les photos de vacances. Ce n’est pas grand chose mais prendre de belles photos de vacances, ça encourage à les regarder par la suite plutôt que de les laisser trainer dans une boite ou l’ordinateur. Mais j’avais l’impression d’être limité d’une part part mon matériel, mais aussi par mon ignorance des règles et techniques de la photo. Deuxième déclic.
Plus tard, suite a une blessure puis les études, j’ai été éloigné de mon sport préféré, le hockey sur glace. J’allais voir des matchs mais je regardais aussi toujours les photos d’un pote ( www.scorpionspictures.com ) et j’ai trouvé que regarder les matchs à travers un viseur pourrait être plus intéressant que depuis les gradins. Et quand je suis arrivé dans mon entreprise actuelle, j’ai remarqué que le sujet de conversion principal lors des pauses café était la photo. J’ai finalement franchi le pas et me suis acheté un reflex. Au même moment, j’ai adhéré au photoclub de mon entreprise, et là, j’ai découvert la richesse du monde de la photo à travers les clichés et l’expérience de vrais passionés. En parallèle, j’ai découvert grâce à twitter, le travail d’autres photosgraphes en France, voire dans le monde. Depuis, je cherche à progresser et me hausser au niveau des maitres… et y’a encore du boulot 🙂
– Quel est ton rapport avec ta pratique de la photographie aujourd’hui ? te verrais-tu photographe un jour, ou est-ce que cela reste un loisir ?
Loisir avant tout. J’aime l’informatique et ses nombreux domaines. La photo est plus une curiosité, un moyen d’immortaliser ce qui m’entoure et ce, dans la mesure du possible, en provoquant une émotion chez ceux qui regardent mes photos. Néanmoins, je ne sais pas comment je vais évoluer professionnellement, et si je peux/dois utiliser mes compétences photographiques un jour (qui devraient avoir progressé jusque là) pour vivre ou survivre, je ne pense pas refuser 🙂
– On a récemment pu lire le questionnaire que tu m’as fait passer sur la photographie, et le métier de photographe. Ceci était dans le cadre d’un projet de ton école d’ingénieur. Peux tu nous en parler un peu plus, quelle est ta démarche ?
Ce n’est pas réellement un projet, juste un rapport d’une dizaine de pages, à faire en groupe, que je dois réaliser pour un cours intitulé « économie de l’information ». Le thème est : « Influence de la technologie sur un secteur économique ». C’est une thème suffisamment vaste pour que je ne reste pas dans la technologie pure, comme les autres groupes de ma classe. Il y a actuellement pas mal de discussions autour de l’évolution du métier de photographe, et je considère que cette évolution est en partie causée par les progrès de la technologie photographique.
Notre travail consistera à analyser le parallèle entre l’évolution du matériel photo, et les évolutions des métiers/activités lié(e)s à la photo. J’ai lancé des questionnaires à plusieurs photographes cotoyés sur twitter, voire IRL. A coté de ça, de nombreux articles/billets intéressants sont consultables sur des sites ou blogs (le plus éloquent pour moi est Clovis Gauzy – www.clovis-gauzy.fr). Les ressources sont bien fournies, mais le plus compliqué va être de bien organiser et synthétiser toutes les infos.
– Avec quel matériel travailles-tu lorsque tu photographies ?
Je n’ai qu’un boitier: un EOS 550D, gagné au dernier marathon Fnac de Mulhouse, qui a remplacé un bien beau 450D.
Niveau objectifs, j’ai le 18-55 IS du kit, et un 70-300 Is USM acheté presque spécifiquement pour la photo de hockey sur glace.
J’aime le zoom parce que je suis un flemmard et que si je peux être loin du sujet et réussir un photo quand même, ça me convient bien. Mais vu que le 18-55 est plus passe partout, c’est lui qui est toujours vissé sur mon objectif. Après, comme me l’a dit et répété un de mes mentors: « démerde-toi avec ce que tu as, ta photo résulte de ta créativité, pas de ton matériel ».
j’ai réussi à prendre cette photo sans rafale, les puristes exigeraient que le palet soit sur le tiers gauche mais j’ai préféré la laisser comme ça.
– Quel est le type de photo que tu pratique le plus souvent ?
Mon flickr à peine entamé présente l’état actuel des choses: de tout (et avec un retard permanent en post traitement).
Initialement, ce que je voulais faire était de la photo de hockey. Hockey hockey hockey et rien que du hockey.
Après des évennements familiaux, une sortie photo avec mon photoclub et une pair de marathon photo fnac, j’ai commencé à faire des photos de ce qui m’entoure, chercher à mettre en valeur mon monde, et le montrer avec un autre point de vue, si possible : malgré ça, mes tentatives de cadrages audacieux restent des échecs pour le moment: je continue de m’en tenir aux règles de base.
Avec toi et @YvesLyon, j’ai enfin osé la « street-photography » … A la base, je n’aime pas les humains sur les photos. Eventuellement, je pouvais jusqu’à il y a peu, en tolérer de dos. Mais finalement, je dois avouer qu’un être vivant bien intégré dans une photo… ça a son charme 🙂
Je débute en studio au photoclub mais c’est très particulier comme style de photos… Le nu ne m’intéresse pas vraiment (pour le moment).
Je ne sais pas si la « photo de concours » est un type de photo acceptable comme réponse, mais ma pratique actuelle est orientée dans cette direction.
– J’ai remarqué que tu réfléchissais beaucoup avant de prendre une photo. Comment procèdes-tu, a quoi penses tu en premier lorsque tu déclenche ?
D’abord je regarde (photographier les yeux fermés, ça ne fonctionne pas encore bien… mais je reviendrai à cette idée plus loin).
Je cherche tout le temps un attrait pour mon oeil. Attendre que quelque chose se présente, c’est rester passif. Et être photographe, c’est quand même être actif, même si on a l’air passif ! Je cherche donc des contrastes, des effets géométriques, des mouvements, des curiosités, …
Une fois que j’ai trouvé, je réfléchis à comment mettre en valeur ce que je vois (format, couleur/N&B, exagération sur un paramètre, …). Les cas où je shoote et réfléchis après sont très souvent des échecs (on peut ratrapper beaucoup de choses en post-traitement, mais une émotion, n’est pas toujours simple à recréer). Le plus souvent, j’ai une photo en tête, et j’attends le bon moment pour déclencher, ou je cherche comment me placer pour prendre la photo. J’ai une réflexion pas toujours très rapide (mon coté rêveur est le plus fort), d’où cette intense réflexion que tu as remarqué hahahaha.
– Quel serait ton conseil à un photographe débutant ?
Je suis moi-même encore débutant. Mais si je devais conseiller des plus débutants que moi, ce serait quatre conseils ; technique, culturelle, critique et comportementale (et/ou émotionnelle). Le conseil en question: « Lis le manuel de ton appareil photo, apprends les règles pour les outrepasser, sache reconnaitre les impostures/eurs, sois créatif et fais toi plaisir avant tout ».
Technique: C’est valable pour tout outil, que ce soit une machine lourde ou un tournevis, il faut savoir l’utiliser.
Culture: J’ai trop entendu « il n’y a pas de règles en photo ». Il y a des règles partout ! Les domaines artistiques permettent toutefois de les violer sans pour autant mériter une castration.
Critique: Certains se prétendent photographes voire artistes alors qu’ils n’ont qu’investi dans un réflex et un objectif onéreux. D’autres shootent avec un compact basique et exposent des images qui te scotchent sur place. Savoir critiquer ses photos et celles des autres est important. (Ça rejoint un petit peu le point précédent).
Comportement/Emotion: C’est là que réside l’unicité de la photo. Sans ça, on a une bête photo technique: réussie mais à laquelle il manque un petit plus qui fait écarquiller les yeux.
Tout ça sans se faire plaisir, ce serait contradictoire, et dommage.
j’ai eu du mal avec celle là (rien d’insurmontable mais c’était pas vite fait…). J’ai vu que la mitrailleuse crachait des flammes, je me suis donc dit: « il me faut ça en photo ! ». Le temps que je vise et que je fasse deux rafales qui n’ont rien données, la mitrailleuse s’est enrayée… (dommage pendant une reconstitution où les allemands sont supposés gagner :D). Quand elle a refonctionné, ma première rafale, synchronisée sur la sienne, m’a permis de capturer la flamme 🙂
– Si tu avais un photographe, ou un artiste, à citer, qui serait ta source d’inspiration ?
Un ? Erf, c’est pas beaucoup UN ! Exprès je vais en citer DEUX ! (Je ne vais pas mentionner tous ceux qui peuvent m’inspirer mais ceux qui m’ont le plus influencé).
Je commencerai par Le Viconte ( viconte.fr ). Il a été un des premiers à assister à mon arrivée dans le monde des photographes. Parce que depuis le début, il me pousse à penser différemment, à me remettre en question même quand je prends des clichés réussis et à toujours penser créativité avant tout ! Il fait parfois des tentatives plus ou moins audacieuses, voire improbables, mais il a aussi dans sa photothèque, des images que j’adore. Ne serais-ce que pour ses encouragements, ses critiques et ses conseils, je me devais de le citer. Et puis je pense que parfois, je n’essairai pas de me retourner le cerveau avant de déclencher si je ne l’avais pas connu.
Un autre, récemment rencontré au salon de la photo à Paris (et je crois aussi l’avoir rencontré au dernier salon de la photo de Riedisheim, mais je ne le connaissais pas encore à ce moment là): Alexandre Parrot. Un bref échange avec lui a illuminé mon regard, ainsi qu’une partie de mon cerveau. Il exploite sa maitrise de ses appareils à merveille et produit des images émouvantes, admirables, stupéfiantes… Comme tous les très bons, il voit sa photo finale avant de déclencher, mais son style a pour moi quelque chose de plus que les autres. Du carré noir&blanc, si c’est magique à regarder, ça me fait tomber à genoux.
Je ne considère pas les anciens et célèbres comme exemples absolus… Ils travaillaient dans des conditions particulières et n’étaient pas des étudiants informaticiens qui faisaient de la photo à coté de leur métier. Je ne peux pas prendre ces gens comme exemple même si certaines de leurs photos sont souvent admirables, surtout que d’autres sont quelconques de mon point de vue. J’aurais plus tendance à admirer les vieux bougres de mon photoclub qui s’extasient sur des photos de manière parfois incompréhensible pour moi, mais qui ont un coup d’oeil que j’admire.
– Qu’attends-tu de la photographie dans les 10 ans qui viennent ? (technologies, pratiques, styles …)
Avant tout, que la créativité ne meurt jamais (c’est ce que j’attends mais on n’a pas toujours ce qu’on souhaite dans la vie ! ). Je parlais avant de prendre une photo les yeux fermés… J’ai parfois l’impression que c’est ce vers quoi on va. Des appareils qui sélectionnent tous seuls la meilleure photo, des appareils avec lesquels on choisi sa zone de mise au point après avoir déclenché, des appareils qui détectent les sourires et les yeux ouverts… C’est surement nécessaire pour que tout le monde puisse capturer ses instants de vie importants, mais si c’est l’appareil qui fait la photo et non le photographe, on doit commencer à se poser de sérieuses questions.
Certaines avancées techniques sont justifiées (du HDR ou du panorama directement intégré dans l’appareil par exemple: de l’automatisation de procédé). Les « argenticiens » n’étaient pas toujours très « honnêtes » pour le développement de certaines de leurs photos, donc je ne vois pas de raison de cracher sur le traitement numérique comme certains aiment le faire. On développe aussi sa photo en numérique, mais on le fait différemment.
Mais automatiser signifie avoir un standard. Un standard peut être synonyme de banalité et une habitude à la banalité qui s’installe parmi la population, ça peut détruire la créativité.
Je repense aux photos du dernier concours photo international et le nombre de photos de courses de vaches dans la boue au Cambodge (je crois).
Une photo comme ça: OK. Deux: moui, pourquoi pas, si l’angle est différent. Mais trois, c’est au moins une de trop. Et il y en a eu plus que trois, avec très peu de différences… Je ne sais pas encore ce que va donner le concours cette année, mais si pour avoir un classement honorable, il suffit de se pointer en Asie avec un gros zoom, et prendre un cliché d’un pêcheur chinois dans sa barque, ou une course de vaches dans la boue au Cambodge, le jugement perd sévèrement de sa valeur vu qu’il ne note pas la créativité, mais « juste » des photos réussies..
Niveau matériel, j’attends des progrès au niveau de la fiabilité et la solidité. Le matériel fragile et jetable semble gagner le monde de la photo. Je suis encore assez jeune pour ne pas être dérangé de porter un objectif qui, s’il tombe sur du carrelage, casse le carreau ;).
J’attends aussi que l’argentique ne disparaisse pas, même dans 10ans, vu que je suis en train de m’y mettre !
– Quelque chose a ajouter ? Quelqu’un à remercier ?
D’abord merci à toi pour cet interview 🙂 c’est gentil de ta part de me l’avoir proposée ! Ensuite un grand merci à @yveslyon pour nous avoir réuni lors de ce beau week end prolongé ! Une reconnaissante pensée aussi pour tous les photographes IRL ou sur le net qui commentent mes photos ou avec qui j’échange au sujet de la photo en général, c’est grâce à eux que je progresse, et ça mérite au moins un merci !
Enfin et surtout, mon entourage également, de faire leur possible pour me supporter quand je traîne à faire des photos (même toi et Yves avez dû y faire face ! Dommage que ces attentes ne soient pas toujours payantes en terme de résultat photographique… pour le moment 😉 )
Bravo aux courageux qui auront lu jusqu’au bout ! (N’hésitez pas à vous manifester, juste pour voir combien vous êtes… ^_^)
Oh ce n’est pas si difficile de lire jusqu’au bout 🙂
J’adore le conseil: « ta photo résulte de ta créativité, pas de ton matériel ». On prend trop souvent l’excuse d’un défaut de matériel, d’un matériel de « basse qualité », alors que le premier fautif est le photographe ben souvent. Je hurle quand je vois mes photos… toujours. C’est peut-être une bonne chose, on verra.
J’ai tiqué en lisant qu’il avait une aversion pour les photos avec des humanoïdes… 🙂 Moi c’est tout l’inverse, du coup j’ai du mal à photographier des paysages bruts. Ils ne retiennent pas mon attention, du coup je n’arrive pas à les photographier.
NowMadNow
Sympathique interview 🙂 avec pas mal de sites que je découvre 🙂
J’ai vraiment de plus en plus envie de me mettre à la photo.
Et cet article me pousse encore un peu.
C’est vrai, comme le fait remarquer MoKeS, que c’est amusant de découvrir quelqu’un de son entourage par l’intermédiaire d’un autre support.
Et, je suis à nouveau d’accord avec notre camarade Capitalise.
Tu es loin d’être timide, Michel.
SI ! je suis hyper timide !
Article très intéressant ! Surtout que je fais partie de l’entourage qui doit le « supporter » !
C’est toujours curieux de découvrir un de ses proches d’une autre manière !
Un truc par contre .. Michel .. tu n’es pas timide ! 🙂
Passionné est tout à fait le mot qui décrit Michel. Toujours à fond dans ce qu’il fait! Va falloir rallonger les journées.. je connais! 😉
A bientôt sur la glace!
Marrant de se relire 😀
Merci encore à toi Yves ! (Je note que tu as préféré le Macvin rosé de Julien à mon bon Gewurtz ! :p hahaha, en vrai, j’ai préféré aussi 🙂 )
Je te félicite pour ton courage Marc 🙂
Moi!!! J’ai lu jusqu’au bout 😉 Chouette interview et c’est sympa de mettre des visages et des noms sur des pseudos 😉
Héhé, super!
En tout cas, y’a une chose que je sais, c’est que vous êtes sympas, passionnés et que ça a été un vrai plaisir de partager ces moments avec vous…
Alors au plaisir de partager encore une fois un Macvin avec vous 🙂
J’vous souhaite à tous les 2 de joyeuses fêtes de fin d’année 🙂